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AURA NORES DELLTAN DE SARUM, Archimage
Race : Léonin
Age : 41 ans
Classes : Mage, Haut mage, Archimage
Guilde : Aucune
Aura, ou plutôt l’Archimage Delltan, est né dans la région de Sarum sur Telluria, située sur la côte ouest du continent, entre le grand désert et les plaines Léones. Son enfance fut marquée par un sentiment d’écrasement. Ecrasement par la solitude, écrasement de n’être que poussière dans le monde, soumis à ses lois et à ses caprices.
Ce sentiment pris réellement forme un jour de ses onze ans. Un navire d’une nation d’Airane s’était abîmé sur les côtes de Sarum, happé par un de ces orages d’été qui sont toujours d’une grande violence. Des pêcheurs découvrirent l’épave, et les gens du village vinrent les aider à enterrer les corps. En regardant les dépouilles des marins, dont certains étaient léonins, Aura se dit « Ils n’avaient aucune chance. J’aurais très bien pu être à leur place et je serais mort aussi ». Déjà dans on plus jeune âge, il était clairvoyant et pragmatique. Il avait toujours du mal à se mêler aux autres jeunes. Son corps les accompagnait, mais pas sa pensée demeurait ailleurs.
Lorsqu’il eut 14 ans, Aura accompagna son père jusqu’à la grande ville avec d’autres hommes du village pour négocier leurs récoltes sur le marché et acheter toutes sortes de choses utiles. Alors qu’il progressait dans une des allées du marché, il assista à la prestation d’un mage errant. Ce dernier se contenter de faire jaillir des flammes avant de les souffler avec un de ses sorts. Rien de très impressionnant à vrai dire. Même si Aura avait déjà entendu parler de la magie à l’école, quelque chose s’imposa dans son esprit lorsqu’il vit le mage réaliser ses sorts pitoyables. Comme si la magie était et avait toujours été la solution à ses problèmes. Tricher avec les lois de la physique, sans contrepartie aucune, c’était pour lui devenir l’équivalent d’un Dieu.
En y réfléchissant, la magie allait à l’encontre de la loi de la vie : recevoir sans rien donner en retour. Mais justement, la magie était faite pour s’affranchir des lois. Il parla donc avec le mage à la fin de la représentation pour en apprendre un peu plus. L’homme rendu euphorique par l’argent gagné auprès des spectateurs, accepta de parler à un jeune léonin qu’il aurait normalement envoyé paître aussitôt.
« Quelles sont les paroles étranges que vous prononcez en invoquant votre magie ? »
« Ce sont des formules magiques. C’est très difficile, mais si je les prononce correctement, je peux manipuler l’énergie et lancer toute sortes de sorts ».
« Ces formules, est-ce que vous les inventez où est ce que vous les récitez par cœur ? » Cette question agaça un peu le mage, qui n’avait pas le niveau pour inventer lui-même ses sorts. Il se dit cependant qu’il n’avait rien à prouver à un gosse.
« Je les ai apprises, mais je sais très bien ce qu’elles veulent dire ! » Lança t-il. Sa réponse interpella Aura. Il ne s’était même pas imaginé que ces mots incompréhensibles puissent avoir une signification réelle.
« Les formules ont une signification ? »
« Bien sûr ! Les formules ne sont que des phrases faites de mots, et chaque mot a un sens. »
« Il existe une langue de la magie ? »
« Oui, et ceux qui comme moi la maîtrisent peuvent commander aux éléments ! » Il avait juste dit ça pour impressionner Aura, mais cette remarque ne fit que renforcer son envie de découvrir la magie. Il posa alors la question qui le brûlait depuis le début de l’échange :
« Je pourrais apprendre ? »
« Non, seuls des gens élus, et nés avec un don sont capables de se servir de la magie ! » Mais Aura n’y croyait pas. Il savait que son interlocuteur n’était guère plus qu’un saltimbanque, se rendant de ville en ville pour gagner son pain. Comment ce type pouvait il être un « élu ». Il ne se laissa pas démonter et poursuivit ses questions :
« Qui vous a appris ? »
« J’ai eu un maître. Et j’ai aussi beaucoup appris dans les livres ».
« On peut apprendre dans les livres ? »
« Oui, bon maintenant laisse-moi tranquille », dit-il en mettant ton argent dans sa sacoche et en faisant mine de s’en aller.
« S’il vous plaît ! Vos pouvoirs m’ont tellement impressionné que j’ai envie de savoir comment les élus font pour apprendre la magie ! »
« Hmm… D’accord. Certains livres permettent aux magiciens comme moi d’approfondir leurs connaissances, pour devenir encore plus puissants. Mais ça ne te servirait à rien, alors laisse tomber. » Le mage se détourna de lui et partit en direction d’une taverne, et Aura renonça à le suivre, il ne lui apprendrait plus rien. Dans les livres…
Le soir, après avoir aidé les hommes de son village à écouler la production et son père à choisir ce qui serait le mieux comme vêtement pour sa mère sa sœur, ce dernier lui remit quelques pièces pour qu’il puisse s’acheter ce dont il aurait envie. Aura aimait bien aider son père et y mettait toujours beaucoup d’entrain. À 14 ans il faisait presque sa taille et son aide était toujours précieuse. C’est pour cela que son père lui offrait parfois un peu d’argent, car comme il disait « tout travail mérite payement ». Son fils lui demanda alors, à son grand étonnement, s’il connaissait une bibliothèque en ville. « Tu veux te mettre à la lecture maintenant ? » Aura savait lire, mais il n’avait jamais porté beaucoup d’intérêt à cette forme de loisir.
« Pour me cultiver un peu », répondit-il brièvement, sachant très bien que cette réponse satisferait son père.
« C’est très bien ça, mon fils ! Il y a une bibliothèque dans la veille ville, c’est un grand bâtiment avec des colonnes, tu le trouveras facilement ».
Lorsqu’à la bibliothèque il demanda à voir un livre de magie, on le prit avec étonnement. Le bibliothécaire prétendit d’abord ne posséder que quelques livres très rares, que seuls les magiciens étaient autorisés à consulter. Mais grâce à son insistance, il put échanger ses quelques pièces contre un vieux bouquin tout abîmé qui traînait dans la réserve. L’ouvrage était un traité sur la magie bleue, écrit par un sorcier dont le nom avait été effacé par le temps.
Il est extrêmement difficile d’apprendre la magie par soi-même, surtout si l’on ne dispose que d’un vieux bouquin acheté d’occasion. Sauf qu’Aura était un génie, même s’il ne le découvrirait que plus tard.
En passant toutes ses heures de temps libre à tenter de comprendre le livre, il finit par saisir les principes de base de la magie. Tout d’abord, il dut apprendre à ressentir le mana. Lorsqu’il en fut capable, il put repérer un endroit près du village où passait une veine tellurique. Pendant un an et demi, il s’entraîna là bas pratiquement tous les jours.
Deuxième leçon : différencier les éléments. Le livre parlait de magie bleue et abordait succinctement les autres couleurs de mana. Pourtant, il parvint en à peine deux mois à distinguer l’élément eau des autres forces. À partir de là, deux semaines lui suffirent à repérer les cinq autres. À terme, il devint apte à manipuler une couleur en ignorant les autres.
Troisième leçon : Les runes. Ces symboles bizarres écrits un peu partout dans le livre étaient pour lui un problème qu’il avait décidé de remettre à plus tard. Mais maintenant qu’il était capable d’attirer le mana et de reconnaître les couleurs, il fallait bien qu’il en arrive là. Il supposa qu’il s’agissait des « mots » dont parlait le mage errant. Ceux qui constituaient les formules magiques.
Il mit cinq mois à comprendre comment infuser les runes. La première qu’il activa fut le symbole « élément eau », la base du sort bleu. Le symbole était en gros sur la couverture du livre. Au lieu de couler autour de la rune, quelques gouttes de mana pénétrèrent à l’intérieur. C’était infime mais la rune s’activa et il la sentit frémir doucement. Aura en tira un joie immense, même si seulement un dixième de l’énergie dépensée avait été transférée dans la rune.
Quatrième leçon : les sorts. Un fois qu’il eut saisi le principe, il réessaya sur la même rune jusqu'à être capable de transférer un quart de l’énergie utilisée. Il décida donc de tenter son premier sort. Il en repéra un très simple au début du livre, composé des symboles « élément eau » « liquide » et « mouvement ». Il s’entraîna sur les deux nouvelles runes jusqu’à être aussi efficace qu’avec la première.
Il changea aussi de lieu d’entraînement. Au cours d’une partie de pêche, il avait découvert une veine de mana bleu passant tout près des côtes. Il lui fallait une demi-heure de marche à l’aller et cinq minutes pour se rendre à la nage jusqu’à un rocher situé à la verticale du courant tellurique. Ne voulant pas mouiller son livre, Il grava sur une ardoise les trois runes qu’il connaissait pour pouvoir les transporter avec lui. Il se rendit compte qu’il était beaucoup moins efficace lorsqu’il s’entraînait avec les symboles qu’il avait lui-même tracés qu’avec les runes parfaitement dessinées du livre. Il dut redoubler d’efforts pour surmonter cette difficulté.
Il aborda donc la dernière étape : Lier les runes entre elles et lancer le sort. Surtout que le livre l’expliquait très mal. Il fallait que les glyphes « entrent en résonance » pour ne former « qu’une seule entité ». Qu’entendait-il par entrer en résonance ?
Il parvenait à infuser les trois runes séparément, mais pas moyen de les faire fonctionner ensemble. Après une semaine passé à lire et à relire le livre, il comprit qu’il fallait que les runes partagent leur mana. Mais comment ? Il essaya de tracer un trait qui les reliait toutes, mais cela dénatura les runes et il fut contraint de les graver de nouveau sur une autre ardoise. Il se rappela d’une image représentant un sort compliqué qu’il avait vu à la fin du livre. Il s’agissait du sort « liens du blizzard » composé de seize runes. Les symboles étaient disposés autour de deux cercles concentriques. On aurait dit une figure géométrique. Aura décida donc d’appliquer cette technique à son propre sort.
Avec toute la précision dont il était capable, il grava deux cercles de deux tailles différentes mais centrés en un même point. Il divisa l’espace entre les deux cercles en trois parties égales puis grava les trois runes à l’intérieur.
Il infusa les trois runes séparément et essaya de faire que le mana circule dans les lignes du cercle. Il dut affronter un nouvel échec, mais n’abandonna pas. Il se dit que pour que les runes fonctionnent ensemble, il devait peut être les infuser ensemble. Mais jamais il n’avait essayé d’infuser plusieurs runes à la fois.
Il lui fallut cette fois six mois pour y arriver. Il parvint à développer son esprit pour se focaliser sur les trois runes à la fois. Il découvrit aussi un astuce utile : s’il prononçait le nom des runes pendant qu’il tentait de les infuser, leur réceptivité s’en trouvait augmentée. Une fois les trois runes infusées simultanément, il continua d’alimenter le sort en mana bleu tout en faisant en sorte que les runes communiquent le mana dans le cercle. L’énergie emplit le cercle, mais les runes ne semblèrent pas vouloir s’accorder. Leur mana s’agita avant de s’évaporer. Il avait réussi à amener le mana d’une rune à l’autre, et pourtant elles ne se mettaient pas en « résonance ». Découragé, il abandonna la pratique de la magie durant deux mois. C’est un soir où il dînait en famille que l’idée lui vint : Les runes avaient beau être infusées simultanément, elles ne l’étaient pas toutes autant. Peut être que s’il infusait les runes de manière égale il pourrait les faire communiquer !
Il récupéra son ardoise qu’il cachait sous son lit et se rendit au lieu d’entraînement. Le manque de pratique fit qu’il dut s’y reprendre à plusieurs fois avant de réussir à activer les runes simultanément. Sauf que cette fois, il fit bien attention à communiquer exactement la même dose d’énergie au même rythme à chacune des runes. De même, il fit bien attention à ce que le mana s’écoulât à la même vitesse dans les lignes du cercle. Les flux se rencontrèrent et se fondirent l’un dans l’autre. Les runes se mirent à vibrer à l’unisson, alors qu’auparavant leurs rythmes étaient différents. Le sort resta un moment actif avant de cesser de fonctionner. Aura était tellement content qu’il en avait oublié de choisir une cible pour le sort. Il recommença donc, tout en scandant le nom des trois runes à un rythme régulier et monocorde. Le sort s’activa et il le lança sur l’eau autour de lui (il s’entraînait toujours sur son rocher près de la côte).
Les gouttes présentes à la surface du roc convergèrent doucement vers l’ardoise. Il changea alors le sens de circulation du mana et les gouttes s’éloignèrent de lui. Le sort ne durait q’une dizaine de secondes et il n’eut pas le temps de s’amuser davantage. Pourtant il ’avait fait ! Il avait triché avec les lois de la physique ! Il n’avait pas touché l’eau et elle avait bougé ! Il se leva et plongea dans l’eau froide. Même si sa performance aurait paru minable à n’importe quel sorcier, pour lui qui avait appris tout seul, cela justifiait amplement les trois ans qu’il y avait passé. Agé de 17 ans, il sentait venir un temps où il ne serait plus contraint par la nature, mais où se serait lui qui commanderait à la nature.
Il montra ce qu’il savait faire à ses parents et ils furent aussi fiers de lui qu’il soit possible de l’être. Les léonins de Sarum croyaient que le mana était l’essence sacrée du monde, et que ceux qui pouvaient s’en servir étaient en quelque sorte des élus de la déesse Mana. Aura n’avait jamais cru à ces histoires d’élu ou de don. Ses pouvoirs étaient le résultat de son travail et de sa persévérance, rien d’autre. Mais vu la considération qu’il venait d’attirer sur lui, il n’eut pratiquement aucun mal à obtenir de son père de retourner à la ville où il avait acheté le livre.
Pour avoir accès aux ouvrages réservés aux magiciens, il versa le contenu d’un petit flacon sur le bureau du bibliothécaire avant de se servir de son sort pour que le liquide regagne le récipient. L’homme concéda qu’il savait se servir de la magie et lui donna accès aux livres tant convoités.
La bibliothèque ne possédait que cinq livres qui évoquaient la magie de manière pratique. L’un deux traitait en détail des galdr et des cercles d’incantation. Si seulement il l’avait eu dès le début ! Tout était expliqué clairement et illustré de dessins. Il pouvait maintenant jeter son vieux « traité de magie bleue » à la poubelle ! Malheureusement, il ne pouvait pas emporter le livre sans l’acheter, et son prix était bien trop exorbitant pour sa famille. Aura le savait, et se contenta donc de prendre des pages et des pages de notes. Son père lui laissa toute la journée, après quoi ils rentrèrent chez eux.
Sur la route, Aura avait le nez plongé dans ses notes. Il ne les lâcha plus pendant une semaine. Avec ça, il put comprendre de quoi parlait réellement son premier livre : L’auteur vantait les mérites de l’élément eau, le disant supérieur aux autres, car il permettait de manier la matière sous ses trois états : l’eau liquide, la glace et la vapeur. Ce qui permettait selon lui de s’adapter à toutes les situations. Aura pensa que l’avis de l’auteur était intéressant, et relut le livre en comprenant pleinement de quoi il était question. Son intuition était formidable. Lorsqu’il ignorait quelque chose, il le déduisait. Il testa l’effet de toutes les runes dont il ignorait la signification et les apprit par cœur. À 18 ans, il était capable de lancer au moins un sort de chaque couleur et connaissait l’effet et le degré d’infusion optimum de près de 200 runes différentes.
Aura fut comme une bénédiction pour son village : il se servait de ses pouvoirs pour aider les habitants, et tous le considéraient comme un bienfaiteur. On l’admirait et on le respectait, même si il sa notoriété lui attirait souvent de la jalousie se la part des jeunes de son âge.
Lorsqu’il eut trouvé un moyen magique de se rendre en moins d’une heure à la ville, il passa le plus clair de son temps à étudier là bas. Mais rapidement ces livres ne lui suffirent plus. Ils n’étaient pas assez complets et il était avide d’apprendre davantage de runes. A 19 ans, il quitta Sarum pour explorer le reste de Telluria. En vérité, il souhaitait remonter vers le nord et atteindre Linoa, car c’est là bas qu’il pensait trouver la plus grande source de savoir magique. Il ignorait alors qu’il rencontrerait cette connaissance sur sa route, et non pas à sa destination.
Son long périple donna lieu à deux rencontres très importantes, celles de deux magiciens qui changèrent sa vie :
- Le premier des deux, Aura le connaissait déjà : alors qu’il était encore dans les plaines Léones il recroisa la route du même mage errant qui lui avait donné envie de se lancer dans la magie. Peu rancunier vis-à-vis de la condescendance qu’il avait eu envers lui à l’époque, Aura l’aida à faire son spectacle et il gagna plus d’argent ce jour là que jamais auparavant.
- La seconde rencontre eu lieu au milieu du désert. Aura traversait de grandes distances en se propulsant grâce à un sort d’air. Chaque pas le propulsait à des dizaines de mètres. Il faisait des pauses régulières près de courants telluriques avant d’être épuisé.
Alors qu’il se trouvait à plus de cinq cent kilomètres de toute civilisation il aperçut au loin la silhouette d’un homme. Il avançait lentement et sans monture au milieu de la mer de dunes. Aura se demanda ce qu’il pouvait bien faire là. Personne, pas même un viashino, ne pouvait traverser le désert à pied.
En quelques enjambées, il se rapprocha de la silhouette. C’était un nain, visiblement âgé, vêtu d’une cape de voyage de couleur sombre. Il s’était arrêté et regardait Aura arriver sur lui. Il ne semblait pas étonné de voir un jeune léonin effectuer des bonds de vingt mètres au milieu du désert.
Aura s’arrêta juste à coté de lui.
« Bonjour, je m’appelle Aura Delltan. En vous voyant traverser le désert sans monture, je me suis dit que vous auriez peut être besoin d’assistance ».
« C’est très gentil à toi, mais je n’ai pas besoin d’aide, tu peux poursuivre ta route ».
« Vous êtes magicien, non ? » Le nain marqua un temps d’arrêt.
« Oui, tout à fait. Comment l’as-tu deviné ? »
« Seul un fou traverserait le désert à pied. Un fou, ou quelque un capable de se défier des lois de la nature ».
« Tu crois te défier des lois de la nature ? »
« Comment pourrais-je me mouvoir si vite et faire des bonds de plusieurs mètres sinon ?».
« Tu utilises les forces de la nature, mais tu est toujours soumis à ces lois ».
« Comment ça ? »
« Tu ne volerais pas s’il n’y avait pas d’air pour te soutenir. La magie te rends juste plus fort, mais elle ne t’affranchis pas de ta condition ». Aura considéra ses paroles durant un moment avant de répondre :
« Alors je dois devenir encore plus fort. » Le nain attendit un instant avant de répondre :
« Quel âge as-tu ? »
« 19 ans »
« Qui t’as appris la magie ? »
« Un livre ».
« Tu as donc appris tout seul ? »
« Oui ». Le nain voyait bien qu’il ne mentait pas. Il fallait normalement des années pour apprendre la magie, et beaucoup de personnes ne parvenaient pas à atteindre le degré de concentration requis. Il était réellement étonné.
« Quel livre ? »
« Traité de magie bleue, je crois »
« Ce n’est même pas un livre d’apprentissage, ça ».
« Vous connaissez ? »
« Oui, je l’ai lu il y a très longtemps. Le traité de magie bleue de Thésiar Naerus. Il est d’une prétention incroyable lorsqu’il prétend que l’élément eau est supérieur à tous les autres ».
« J’ai trouvé que les arguments tenaient la route ».
« En théorie, oui. Mais en pratique, quelque soit la forme que prendra l’eau, elle sera toujours désavantagée face à au moins un élément. La vapeur sera balayée par le vent. Le feu fait fondre la glace et la terre est plus forte que l’eau liquide ».
« Il ne dit pas que l’eau est le meilleur élément, mais celui qui offre la meilleure capacité d’adaptation ».
« Si, je me rappelle sa phrase : La toute puissance de l’eau tient dans sa capacité à s’adapter à volonté aux trois états de la matière ».
« Non, la phrase exacte est : Le plus grand atout de l’eau réside dans sa capacité à s’adapter à volonté aux trois états de la matière ». J’ai le livre là, si vous voulez je vous montre.
« Tu l’as là ? Fais voir. » Aura sortit le vieil ouvrage de son sac et l’ouvrit à la bonne page. Il pointa du doigt la phrase en question : On dira que le mana bleu peut se retrouver en état de faiblesse lorsqu’il est confronté aux hautes températures provoqués par les sorts rouges. Néanmoins, le plus grand atout de l’eau réside dans sa capacité à s’adapter à volonté aux trois états de la matière.
« Hmm… Il doit s’agir d’une réédition ».
« Vous êtes plutôt mauvais joueur ». Le nain partit alors d’un grand éclat de rire.
« C’est vrai, tu as gagné ! Anarith Morell n’est peut être pas aussi prétentieux en réalité que dans mon souvenir », admit-il avec un grand sourire.
« Vous êtes extrêmement puissant, non ? » À ces mots, le nain marqua de nouveau un temps d’arrêt.
« Oui, tu est vraiment très, très perspicace. Encore une fois, je te demanderai comment est-ce que tu t’en est rendu compte ».
« Vous en semblez en savoir énormément sur la magie. Rien que le fait que vous ayez lu ce vieux bouquin qui traînait dans la cave d’une bibliothèque en atteste. Vous parlez avec sagesse et avec le ton de celui qui a beaucoup d’expérience. Enfin, vous troublez le mana, il ne réagit pas normalement autour de vous, comme si vous étiez doté d’une sorte d’aura ». Le nain émit un sifflement admiratif.
« Je ne peut rien te cacher on dirait ».
« Qui êtes vous ? »
« Je suis Körin Dredwell, Archimage de Neïliona ». Ce fut au tour d’Aura d’être étonné. Et même stupéfait. D’après ce qu’il avait entendu, l’Archimage était une sorte d’être surpuissant qui veillait en secret à la préservation du monde.
« Prouvez-le moi »
« Je ne peut pas te le prouver. Si je te montre mon médaillon cela ne signifiera rien pour toi et si je fais étalage de mes pouvoirs ici cela prouvera seulement que je suis quelque un de puissant ».
« On dit que l’Archimage est l’être le plus puissant du monde ».
« Je ne suis rien. Il existe des mages qui seraient capables de me balayer comme poussière au vent ».
« Sur Neïliona ? »
« Non », admit-il.
« Où ça ? Sur d’autres mondes ? »
« Dans cette dimension ou dans d’autres. Mais cessons de parler de ça. Libre à toi de croire si je suis ou non l’Archimage ».
« Je vous crois. Où allez vous ? Êtes vous en mission ? »
« Bien que j’aime la nature, je me balade rarement dans la désert pour le plaisir ».
« Alors où allez vous ? »
« Si tu viens avec moi, tu le sauras bien assez tôt ».